Etat des lieux vers 1945
Après la guerre, les utopies n’ont plus vraiment cours.
L’artiste est remis “à sa place”. Il n’a plus autant d’influence intellectuelle ; il a perdu son image de “découvreur” et d’inventeur de nouvelles façons de voir et d’appréhender les choses et l’espace.
L’artiste retourne à son atelier et se replie sur lui même, remet en question sa pratique et développe une réflexion sur la peinture. Il recherche le caractère expressionniste de la peinture, il développe une gestuelle, cherche à “exister” à travers la peinture (dimension existentielle).
En Europe
À côté des grandes figures (Picasso, Matisse, Braque, ...), de nouvelles orientations idéologiques et esthétiques voient le jour avec une nouvele génération de plasticiens. On voit alors émerger un art absolument libre, délivré de la ressemblance. Les manifestations d’art abstrait sont alors considérées comme une victoire de la liberté.
///// L’abstraction lyrique [1945-1956]
Les artistes de ce courant vont développer une abstraction marqué par le geste et refusent les règles fixes de composition. Ils vont avoir recours à un processus de création spontané dans le but de tenter d’exprimer directement les impulsions de l’esprit. Tous ces peintres ont la volonté de faire primer l’instinct et la spontanéité sur l’esprit.
Artistes : Hans Hartung, Pierre Soulages, Gérard Schneider, Jean-Michel Atlan, Bram van Velde, Georges Mathieu.
///// L’informel [1951- années 60]
Le terme vient du titre d’une exposition de Michel Tapié à Paris. L’art informel désigne une communauté artistique hétérogène n’ayant ni école, ni mouvement, mais possédant des traits communs : célébration du geste, et ayant un même état d’esprit, celui de la gravité et de la tragédie humaine. Les artistes de l’informel subordonnent la forme à la matière. Ils renoncent ainsi à toute représentation en donnant à la matière le rôle principal.
Artistes : Wols, Henry Michaux, Alberto Burri, Jean Fautrier, Antoni Tapies, Jean Dubuffet (inventeur du terme "art brut" pour désigner la création de personnes autodidactes, étrangères au monde de l’art, soit par rupture sociale ou psychologique - découverte du pouvoir créateur des marginaux - œuvres naïves, a-culturelles).
///// COBRA[1948-1951] Cobra est un mouvement artistique né en réaction à la "querelle absurde" entre l’abstraction et la figuration. Son nom est l’acronyme de "Copenhague, Bruxelles, Amsterdam" du nom des villes dont sont originaires les membres fondateurs. Cobra est influencé par le surréalisme et les œuvres de Joan Miró, Kandinsky et Paul Klee. Ses caractéristiques résident dans l’utilisation d’éléments calligraphiques, la représentation de bestiaires primitifs, et dans une exécution véhémente et colorée, tonique et incisive où se mêlent couleurs et matières
Artistes : Asger Jorn, Constant, Karel Apple, Corneille, Pierre Alechinsky.
L’École de New-York [1945-1960]
C’est aux États-Unis, vers 1950, que la peinture non-figurative trouve un essor exceptionnel (marché de l’art extrêmement dynamique aux USA). Une quinzaine de jeunes artistes new-yorkais vont utiliser des grandes toiles, privilégier l’émotion et rejeter tout effet décoratif. L’artiste cherche au plus profond de son l’émotion, afin de libérer son inconscient en pratiquant l’automatisme gestuel, dans un investissement corporel parfois violent (technique du all over).
L’expressionnisme abstrait s’épanouit à travers tendances :
///// L’action Painting (peinture d’action ou peinture gestuelle)
Les peintres qui pratiquent l’action painting privilégient l’exécution et le procédé, mettent en avant l’acte même de peindre, l’énergie investie dans le geste pictural : l’action painting est une peinture d’« instinct », à la gestualité spontanée.
Jackson Pollock , figure principale de ce mouvement artistique, utilise la technique du « dripping », consistant à laisser s’égoutter la couleur de manière aléatoire sur une toile posée à même le sol.
Willem De Kooning, ne cherche pas à rendre reconnaissable ses motifs, mais tente de retrouver la sensation de l’instant et de l avision fugitive.
Franz Kline éxécute des dessins tracés à l’encre noire sur des fonds blancs, inscrivant les trajectoires du geste à l’intérieur du format.
///// Le Color Field Painting (peinture du champ coloré)
Les peintres " colorfield " utilisent un nombre réduit de couleurs étalées uniformément et ’évitent toute mise en relief de la pâte. La couleur emplit l’espace entier selon le principe du " all over " pour former une image homogène excluant toute composition, toute hiérarchie entre les éléments. La couleur devient alors autonome.
Mark Rothko réalise des tableaux d’échelle monumentale où il applique uniformément de grandes zones rectangulaires de couleur contribuant à "engloutir" les spectateurs et leur faisant perdre leurs repères spatiaux leur procurant un sentiment de sérénité.
Clyfford Still couvre des toiles de vastes aplats de couleur épaisse délimités par des contours irréguliers qui évoquent des formes naturelles inconscientes.
Robert Motherwell développe des œuvres composées de formes solides et simples. L’artiste répète dans son travail le thème de l’enfermement.